dimanche 20 avril 2008

Regardez-moi bien dans les yeux

L'avocat reconnaît celui qui a voulu l'abattre

COMME LES AUTRES, il est coiffé d'un casque intégral de motard, la visière remontée. Mais le numéro 7 a quelque chose en plus. « Son regard m'a sauté aux yeux ! » confie Karim Achoui. Au sortir de sa convocation au 36, quai des Orfèvres, l'avocat nous a confié avoir reconnu l'homme qui, le 22 juin 2007, lui avait tiré dessus, le blessant grièvement à deux reprises.

Hier en fin d'après-midi, les policiers de la brigade criminelle ont présenté à Karim Achoui une petite dizaine d'hommes derrière une vitre sans tain pour une parade d'identification. Un seul faisait partie des six individus placés depuis lundi matin en garde à vue pour leur implication présumée dans la tentative d'assassinat. « Je suis sûr à 90 % » « J'ai reconnu sans hésitation celui qui m'a tiré dessus, son visage, son allure générale. Je suis sûr à 90 % », affirme M e Achoui.

Le suspect serait assez grand, d'une pilosité développée, avec une barbe de trois jours et de type méridional. La police, qui observe un silence radio sur cette affaire, n'a pas confirmé si c'était bien un des gardés à vue. Selon nos informations, il pourrait s'agir d'un ancien islamiste proche du GSPC (Groupe salafiste de prédication et de combat). En toute hypothèse, le tireur ne peut être Djamel Hakkar, le frère d'un trafiquant de stupéfiants arrêté en 2003 en compagnie du braqueur et évadé multirécidiviste Antonio Ferrara. Djamel, âgé de 29 ans, avait été placé en garde à vue lundi mais bénéficie d'un alibi très solide : il était en prison l'an dernier lorsque l'avocat s'était fait agresser.

Il reste à définir son rôle, s'il en a joué un, dans la tentative d'assassinat. Karim Achoui, lui, aimerait bien savoir qui a donné l'ordre de l'abattre. « J'ai envie de connaître les commanditaires. »
Au début de l'enquête, l'avocat avait mis en cause des policiers. « Ce sont des choses que j'ai dites sur mon lit d'hôpital. Je regrette d'avoir jeté l'opprobre sur l'ensemble du corps policier. La brigade criminelle a fait un travail remarquable dans ce dossier. Il reste à trouver le mobile. Je le cherche toujours. »

Brendan Kemmet et Matthieu Suc
Le Parisien , jeudi 17 avril 2008