mercredi 30 avril 2008

Produit de luxe

Édition du mardi 29 avril 2008

Le carburant, cible des ferrailleurs roumains

A trois heures du matin, est-on censé se laver au tuyau, dans l'enceinte d'une société de transports ?
Quatre Roumains, présentés, hier, en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Béziers, le soutiennent mordicus.

Le 27 avril dernier, le gérant d'une société de transports de la Devèze, à Béziers, revient d'un dépannage d'urgence. Il aperçoit quatre véhicules et des individus dont un jeune garçon, autour d'un de ses poids lourds, le réservoir de gasoil ouvert et des tuyaux au sol.

Il met son 4X4 en travers de la sortie pour bloquer les intrus. Ceux-ci tentent en vain de forcer le passage : la police les interpelle. On retrouve dans leurs véhicules, des bidons de 20 litres chacun, vides mais avec une forte odeur d'essence. De quoi emporter 260 litres. D'eau ou de carburant ?

« Est-ce qu'ils maintiennent leur explication idiote ? », s'enquiert François Mallet, le président du tribunal. L'interprète traduit la question. Oui, ils confirment.

Le vice-procureur Gérard Sedivy, ne croit pas à la version des prévenus : « Je n'aurai qu'un seul mot, le prix, celui des carburants.

Il oblige les gens à s'organiser et, en l'occurrence, nous avons là une bande bien organisée, audacieuse, pour un trafic de carburant absolument rentable.

Ils ont en plus entraîné un mineur dans leur expédition. » Le parquet fait état d'un vol de carburant dans le réservoir d'un poids lourds de l'entreprise.

Il requiert entre 8 et 12 mois d'emprisonnement avec maintien en détention. Les plus fortes peines étant réservées à ceux des prévenus qui conduisaient sans permis de conduire ni assurance.

Pour Me Zerby, nécessité fait loi, quand on vit comme ses deux clients, dans le camp de nomades du Cantagal, sur la route de Pézenas : « Sans eau ni électricité, ils passent leurs journées les mains dans le cambouis et dans le tri de la ferraille qu'ils revendent ensuite pour subsister dans un pays où on leur a promis monts et merveilles !

A la veille de la fête de Pâques orthodoxe, ils ont voulu se laver, ils arrivent de Bucarest, ils ne savent pas où trouver des fontaines à Béziers.» Et de signaler que leurs bidons étaient vides : «On n'a pas retrouvé trace du gasoil volé dans le camion».

Me Marijon, pour les deux autres prévenus, avance les mêmes arguments que son confrère pour justifier l'intrusion : « Et non l'effraction car l'entreprise n'était pas fermée à clé » . Le tribunal a condamné les quatre prévenus à trois mois d'emprisonnement assortis du sursis.

Midi Libre
Édition du mardi 29 avril 2008
Compte-rendu d'audience Annick KOSCIELNIAK