dimanche 22 juin 2008

Pouvoir d'achat? Pas pour les délinquants de la route.

Le casse-tête des conducteurs soudain privés de permis
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Souvent dans l'impossibilité d'aller travailler, ils sont des milliers d'automobilistes à payer au prix fort l'interdiction de prendre le volant.
Souvent à l'occasion d'un drame de la route, les milliers de chauffards qui roulent aujourd'hui sans permis font régulièrement parler deux. Mais en parallèle, une autre France, silencieuse cette fois, n'attire pas l'attention car elle a choisi de respecter la loi. Il s'agit de ceux qui ont perdu leur permis et qui ne prennent pas le volant. Une catégorie toujours plus nombreuse. Entre l'explosion du nombre de points retirés, et donc la hausse des permis invalidés, ils sont en effet des milliers désormais dans ce cas. Et même s'ils viennent de tous les horizons, tous relatent la même histoire : la galère.
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Car être condamné à ne pas rouler, c'est aussi se voir infliger d'autres peines : la perte de son travail pour les uns, être abonné au système D pour les autres, avec à la clé, à chaque fois, des frais inconsidérés. «C'est un enfer», résume Loïc, 22 ans, qui habite la région de Quimperlé en Bretagne. «Un coin , dit-il, où il ne fait pas bon vivre sans voiture.»
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Avec la perte de son permis, Loïc a vu ainsi toute sa vie se figer d'un coup. En 2007, il avait fini ses études de paysagiste et allait répondre à des annonces professionnelles. Mais il y a eu cette soirée entre copains. Il boit trop, il est arrêté et les six points de son permis probatoire s'envolent d'un coup. Privé de voiture et dans l'incapacité de trouver un travail, Loïc, lui, atterrit chez ses parents. Cloué à Quimperlé. Pour payer les heures de code, il travaille aujourd'hui dans une… boyauterie de porc ! «On ne le sait pas mais les frais sont nombreux», raconte-t-il.

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Avant de s'inscrire à nouveau dans une auto-école, le candidat doit en effet passer divers examens contrôlés par les préfectures. Un examen médical : 30 euros. Des tests psychotechniques : 50 euros. «En plus, la préfecture m'a obligé à passer un stage de sécurité routière, qui me coûtera 250 euros.»
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Même s'il a également perdu son permis, Bruno Deloison reste quand même un privilégié. Il habite Neuilly-sur-Seine avec tous les transports en commun à portée de main, et en tant que producteur de programmes audiovisuels, il est son propre patron. Et pourtant… Bruno Deloison a découvert «les joies» de se déplacer de banlieue à banlieue. «Un casse-tête», rage-t-il. Sa solution : «le vélo avec l'assurance d'arriver dégoulinant aux rendez-vous». Côté vie privée, ce quadragénaire dynamique avoue s'être arraché les cheveux pour accompagner ses trois enfants à leurs activités de loisirs le week-end.
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Patrice, quant à lui, devrait passer son code le 20 juillet prochain. Une date qui, espère-t-il, marquera la fin d'un véritable parcours du combattant. Sans un employeur conciliant, ce chauffagiste dépanneur qui a perdu son permis en octobre 2007 a bien failli perdre aussi son emploi. «Finalement, on a trouvé une solution : je me fais conduire sur les chantiers par des jeunes en apprentissage», raconte-t-il en fulminant contre la préfecture, passage obligé pour toutes les démarches administratives. «Mon dossier a été égaré et on ne vous répond pas. C'est kafkaïen.»
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Comme solution de rechange, d'autres encore ont recours à la voiture sans permis. «Depuis deux ans le marché progresse», reconnaît-on chez Ligier, deuxième constructeur en France de ces voiturettes. Mais, alors que les clients étaient jusqu'alors en majorité des hommes, de plus en plus de femmes louent ces miniautos. «Après des soirées entre amis, les conjoints prennent l'habitude de demander à leurs épouses de prendre le volant et ce sont elles qui se font prendre», explique l'une des responsables.

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La sanction va-t-elle transformer ces conducteurs en automobilistes exemplaires ? Rien est moins sûr. Tous retiennent avant tout la dureté de la leçon. «C'est disproportionné», s'insurge, Christian, avocat à Paris qui a aussi été privé de voiture. «Pour quelques écarts sur la route, on peut dégringoler très vite», estime Patrice. Quant à Bruno Deloison, il a déjà récupéré son permis, crédité de six points. Mais il ne se dit pas tiré d'affaires. Il a déjà perdu deux points.
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On n’arrête pas de vous le dire ! Vous êtes des DELINQUANTS
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Angélique Négroni
16/06/2008Le Figaro