samedi 14 juin 2008

Licence IV

Des ados se saoulent, Coutances s'alarme

Le phénomène inquiète, dans cette ville qui compte 2 200 lycéens internes. Le maire a interdit la consommation d'alcool le mercredi sur la voie publique.
COUTANCES. - C'est arrivé en avril, en fin de journée, à Coutances (Manche). Un groupe de mineurs s'est alcoolisé avec un mélange à base de vodka et de coca. L'une des jeunes filles, âgée de 15 ans, a perdu connaissance. Retrouvée inconsciente dans la rue, elle a été hospitalisée en début d'hypothermie. La prise de sang a révélé une alcoolémie de 2,50 g.

L'adolescente s'est remise, elle n'a pas de séquelle de son coma éthylique. « Le terme n'a pas été utilisé, mais c'est bien de cela dont il s'agit », estime sa mère. Rien ne prédisposait cette famille à vivre cela. « Ça s'est passé en un quart d'heure. Elle était censée aller manger. Nous avons eu très peur et on a du mal à comprendre. » Vraisemblablement, c'était une première fois pour ce groupe. « Ils sucrent la boisson et ne se rendent pas forcément compte de la teneur en alcool de leurs cocktails. »

Des témoignages inquiétants
xxxxxxxxxx
Il y a quelques semaines, le maire UMP, Yves Lamy, a pris un arrêté interdisant la consommation d'alcool le mercredi après-midi sur la voie publique. Un message très ciblé aux jeunes. « Sur 2 200 internes, ils sont une quarantaine à s'alcooliser le mercredi et une dizaine à déraper, évalue Yves Lamy. Ils sont de plus en plus jeunes et boivent de plus en plus vite. »
xxxxxxxxxx
La preuve : en février, trois autres adolescentes de 15 ans ont été retrouvées dans le même état. Coutances compte de nombreux lycées, généraux et professionnels. « Ça arrive souvent chez les internes », confie une lycéenne de 17 ans. L'an dernier, elle a été exclue trois jours après avoir bu du whisky. « C'est bon, j'ai compris : je ne suis plus alcoolique », sourit-elle, gênée.
xxxxxxxxxxx
La confidence en amène une autre. Un de ses copains se souvient d'avoir « été viré une semaine, quand j'étais en 3e. On avait bu du calva. » Pour un autre, le phénomène touche surtout les plus jeunes, « pour s'affirmer. C'est facile de demander à un majeur d'acheter de l'alcool. Ça se calme à 18 ans, quand on a une voiture. »
xxxxxxx
En centre-ville, le magasin Marché-Plus est allé au-delà de la loi actuelle, en s'abstenant de servir tous les types d'alcool aux moins de 18 ans. « Les grandes surfaces jouent le jeu, assure le maire. Forcément, avec la porosité que cela suppose. Ce n'est pas facile pour une caissière de reconnaître un jeune de 16 ans d'un jeune de 20 ans. »
xxxxxxxxxxx

Christophe LECONTE.
vendredi 13 juin 2008
Ouest France

* * *
régions namur - luxembourg

NAMUR / En prévision de l’interdiction de boire des boissons alcoolisées dans la rue
Le commissaire, l’alcool et le SDF

Quand on ne peut plus boire d’alcool dans la rue, comme le prévoit une ordonnance du bourgmestre à partir de lundi, on n’a plus qu’à boire chez soi, au café ou chez un ami. Mais, quand on n’a plus de chez soi, où peut-on encore boire un coup ? « On continuera à boire ! », disent de nombreux SDF, mécontents. Mais la police fait pression sur eux avec une méthode originale. Elle réclame aux sans-abri et à d’autres habitués de la rue qu’ils s’engagent, par écrit, à respecter la règle.

Beaucoup ont refusé de signer. Mais tous sont désormais bien au courant de l’entrée en vigueur, lundi, de l’ordonnance, un sujet de conversation privilégié. « En général, je crois qu’ils signent, même s’ils n’y sont pas légalement obligés », se félicite Guy Jomaux, chef de corps de la police de Namur. Mais à quoi les signatures peuvent-elles bien servir ? « Comme ça, ils ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas ! », dit le commissaire.

« Ils font ça juste pour nous emm… », estime Axel, assis sur son scooter, qui fréquente régulièrement la place d’Armes. « Ils nous mettent la pression à crever pour qu’on signe, mais je ne suis pas inquiet. Même ceux qui ont signé n’obéiront pas. » « Moi, j’ai signé parce que j’étais pété », rigole Yannick, ami d’Axel. À l’opposé, Mohammad est un des rares à se dire « d’accord avec la loi ». « J’espère qu’elle m’aidera à ne pas boire. »

Certains se sont sentis piégés.

« Je n’ai pas voulu signer parce que je sentais bien que cela se retournerait contre moi. Plusieurs se sont fait avoir », raconte Olivier, une bière à la main. Mais la police assure qu’elle n’utilisera pas les signatures.

Alors à quoi bon faire signer ? « Vous savez aussi bien que moi qu’il s’agit d’un monde particulier. Avec eux, il faut être explicite », justifie le chef de corps.

« J’aurais aimé qu’on vienne m’annoncer des décisions en matière de logement, soupire Élie, car je n’ai pas oublié les promesses d’un nouvel abri de nuit, de solutions pour les SDF qui ont un chien… » Élie a déjà prévu le sachet en plastique pour cacher sa cannette.

BENJAMIN MORIAME
Le Soir
samedi 07 juin 2008, 15:16