dimanche 22 juin 2008

Pingres

Vers un bonus-malus plus sévère
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Destiné à favoriser les ventes de véhicules propres, le dispositif du bonus-malus est victime de son succès... et pèse sur les finances publiques. La prime pourrait être revue à la baisse, alors que le malus serait alourdi.
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ENTRÉ EN VIGUEUR le 1er janvier, le système de bonus-malus écologique va coûter bien plus cher que prévu. A en croire Eric Woerth, le ministre du Budget, ce dispositif qui pénalise les acheteurs de véhicules polluants et avantage ceux qui font l'acquisition d'une voiture propre, devrait coûter 200 M € en 2008. « Le fait que ça coûte, ça veut dire que c'est un succès, a-t-il déclaré hier matin sur Radio Classique. Pour l'environnement, c'est une bonne nouvelle. » Le hic, c'est que ça l'est un peu moins pour les finances publiques, déjà bien mal en point.
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A l'origine, cette mesure n'était pourtant censée avoir aucun effet sur les caisses de l'Etat. Le total des bonus (de 200 € à 1 000 € en fonction du taux de CO2 rejeté) accordés au moment de l'achat d'un véhicule propre devait en effet être compensé par l'ensemble des malus infligés aux voitures polluantes (de 200 € à 2 600 € celles émettant plus de 161 grammes de CO2 au kilomètre). Du moins sur le papier. Car dans les faits, hausse du prix du pétrole oblige, les ventes de voitures très gourmands en essence ont chuté de 40 % tandis que les achats de véhicules sobres ont, eux, augmenté de 45 %. « On n'a peut-être pas assez tenu compte de l'impact que cette mesure pouvait avoir sur les ventes », admet-on également à Bercy. D'où cette ardoise de 200 M € qui pourrait encore gonfler si, comme l'évoquait Jean-Louis Borloo en juin, le gouvernement venait à étendre ce système de bonus-malus à d'autres produits (lire ci-dessous).
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Développement durable doit rimer avec finances publiques durables (excellent, la connerie est très durable chez les politiciens)
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Et si on mettait encore plus de radar ? Le gouvernement cogite à une baisse du prix (z’avez pensé aux 86% de taxes sur le litre de coco ?), pourquoi pas mettre encore plus de radars. On sait que ça n’a rien à voir avec la sécurité routière.
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Bercy souhaite donc revoir le dispositif mis en place il y a six mois. « Développement durable doit se concilier avec finances publiques durables », répète-t-on dans l'entourage d'Eric Woerth. Le barème pourrait donc être réévalué afin de mieux tenir compte du marché des véhicules neufs. « Ce qui ne passe pas nécessairement par une disparition du bonus, insiste-t-on à Bercy. Ce qui compte, en matière environnementale, c'est d'avoir des écarts de prix suffisamment importants », selon qu'une voiture soit polluante ou non.
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A l'avenir, le système de bonus-malus sera donc encore plus exigeant en termes de quantité d'oxyde de carbone rejetée au kilomètre. Comme l'a rappelé hier Jean-Louis Borloo, il est d'ailleurs prévu que la limite de CO2 retenue par le dispositif soit abaissée de 5 g chaque année ou tous les deux ans. L'objectif, a-t-il ajouté, est d'arriver « un jour à une voiture complètement neutre en carbone ». Quant aux « très, très grosses voitures consommatrices » en carburant, le ministre de l'Ecologie a réaffirmé que leur malus serait annualisé, conformément aux préconisations du Grenelle de l'environnement. En clair, en plus d'être taxés à l'achat, les utilisateurs de 4 x 4 ou de berlines telles que la Renault Vel Satis et la Citroën C6 (dont bon nombre de ministres d'ailleurs) devront payer une écotaxe annuelle.

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Olivier Baccuzat
Le Parisien , vendredi 20 juin 2008