vendredi 9 mai 2008

Liberté surveillée

Le fiasco des caméras vidéos britanniques
Près de 4,2 millions de caméras de surveillance inspectent les faits et gestes des Britanniques. : AFP Seuls 3 % des crimes sont résolus avec les caméras de surveillance en Grande-Bretagne. Scotland Yard avoue son échec.
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Elles sont partout en Grande- Bretagne : dans les bus, le métro, les centres-villes, les entreprises, les magasins et même chez les particuliers. Quelque 4,2 millions de caméras de surveillance, selon la meilleure estimation, inspectent les faits et gestes des Britanniques.
Mais tout cela est-il vain ? Mick Neville, l'inspecteur en charge des images de surveillance à Scotland Yard, vient de lancer un pavé dans la mare.
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Selon lui, les caméras de surveillance, surnommées CCTV (Closed Circuit Television), ne servent pas à grand-chose. « Des milliards de livres sont dépensées pour les caméras, mais personne n'a pensé à la façon dont la police et la justice allaient utiliser les images.
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C'est un fiasco complet : seuls 3 % des crimes sont résolus par les CCTV.
Il n'y a pas de peur des CCTV. Pourquoi ? Parce que les gens pensent qu'elles ne marchent pas », a-t-il déclaré lors d'une récente conférence à Londres.
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Encore des caméras pour les JO La déclaration va à l'encontre de près de deux décennies de soutien aux caméras de surveillance. Tony Blair, entre 1999 et 2003, a dépensé plus de 200 millions d'euros pour financer des équipements de surveillance. Mais cela ne représente que la partie émergé de l'iceberg : la plupart des équipements sont payés localement, soit par les mairies, soit par les entreprises ou les centres commerciaux. Pourtant, l'efficacité des CCTV a toujours paru suspecte.
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Un document du ministère de l'Intérieur de 2005, évaluant quatorze programmes de vidéosurveillance, était clair : « Il y a eu peu d'impact sur le niveau total de crimes ».
Il y a six mois, le ministère de l'Intérieur a tiré de nouveau la sonnette d'alarme, publiant une stratégie nationale pour les CCTV. « 80 % des images fournies à la police sont loin d'être de qualité idéale », s'inquiétait le rapport. Et pourtant, la politique officielle n'a pas changé. « Les CCTV sont des outils importants dans la stratégie de lutte contre le crime », estimait alors le secrétaire d'État à la Sécurité, Tony McNulty.
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Ce ne sont pas les déclarations de l'inspecteur Mick Neville qui vont changer les choses : un grand programme coordonnant 500 000 caméras est en cours d'application pour surveiller les Jeux olympiques de 2012.
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Ouest France
mercredi 07 mai 2008
Éric ALBERT.