lundi 14 juillet 2008

Solidarité

Les artisans mécontents bloquent l'A 9
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Les artisans, ils le reconnaissent volontiers eux-mêmes, ne sont pas coutumiers des manifestations. Aussi, le mouvement d'hier était-il révélateur du degré de leur mécontentement mais aussi de leur inquiétude. En cause, la loi de modernisation de l'économie, votée "presque en catimini" en ce début de juillet, et dans la loi deux articles en particulier : d'abord, celui qui fixe la création d'un statut d'auto-entrepreneur, c'est-à-dire un "artisan" qui n'a aucune obligation immédiate d'inscription au registre de commerce ou des métiers ; ensuite, l'article qui permet la libéralisation des installations de grandes surfaces, lesquelles ne devront, désormais, passer devant une commission que pour une implantation de 1 000 m 2 (au lieu de 300 m 2 ). Cette dernière mesure est particulièrement favorable aux hard discount.
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Dans cette loi de modernisation de l'économie, ultra libérale, les artisans voient une atteinte à leurs droits professionnels, et le recul de la société qui est la leur, celle de l'artisan qualifié, héritier d'un savoir-faire, mais aussi fabricant de lien social et de rapport humain, tout ceci au profit d'une société de consommation à outrance et sans repères.
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Hier, donc, à l'appel de l'UPA (Union professionnelle artisanale), les artisans des P.-O. ont exprimé leur désaccord profond par une énorme manifestation qui a perturbé la circulation sur l'A9 pendant trois heures, et généré des bouchons de 7 km et des ralentissements sur 30 km (selon les ASF).
En effet, à 13 h, plus de 400 véhicules, estafettes, camionnettes, confluaient vers le parking du cinéma CGR de Claira. De là, les artisans se dirigeaient vers l'autoroute par le péage nord, avant de se livrer à une opération escargot qui les amenait au Boulou à partir de 15 h, par vagues successives. Là, ils bloquaient le péage dans les deux sens de circulation jusqu'à 17 h 30, et procédaient à des prises de paroles, notamment Alain Rizo (CAPEB) et Pierre Vila (CGAD).
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Alain Rizo expliquait avoir rencontré les 4 députés des P.-O. à propos de la loi de modernisation de l'économie, et ne les avoir trouvés que "modérément réceptifs". Selon Jean Lloret, seul le sénateur-maire Jean-Paul Alduy s'est déclaré hostile à cette loi et s'est engagé à ne pas la voter.
Les responsables UPA, qui doivent être reçus ce soir à 18 h par le préfet, sont précurseurs dans le mouvement de protestation contre la loi. Ils espèrent que leur action d'hier contribuera à une sensibilisation des artisans hors département, notamment en région. Ils espèrent aussi voir les députés, "qui se sont montrés un peu légers en votant cette loi", proposer des amendements, ou mieux encore, des décrets retardant l'application de la loi.
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Josianne Cabanas
Édition du vendredi 11 juillet 2008

Midi Libre