lundi 14 juillet 2008

Apocalypse now

Six mois terribles sur les routes

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Soixante-seize personnes sont mortes sur les routes de l'Hérault lors des six premiers mois de l'année. Un chiffre d'autant plus terrible si on le rapporte à la même période de 2007 où 42 décès ont été constatés. Pourquoi un tel écart alors que les contrôles n'ont jamais cessé et que les radars n'ont jamais été aussi nombreux ? Tentatives d'explications.
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Moins d'accidents. C'est un paradoxe : il y a eu beaucoup moins d'accidents que l'an passé - moins de blessés également - mais ils ont été beaucoup plus graves. En juin, par exemple, 50 accidents ont été constatés, contre 143 en juin 2007. Deux accidents lourds sont venus "plomber" les chiffres : celui de l'A 9 avec la camionnette d'Emmaüs, le 24 mars, lundi de Pâques, à hauteur de l'aire de Gigean, qui a coûté la vie à sept personnes, ou le drame de Hérépian, où deux couples de retraités sont morts après avoir percuté un platane, le 25 mai.
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Vitesse, non respect des règles et alcool. « Le bilan que l'on tire de ces six premiers mois, c'est que l'accidentologie est surtout liée à la vitesse, qui reste le premier facteur, dans un cas sur deux , analyse Marc Pichon de Vendeuil, directeur de cabinet du préfet de l'Hérault. Mais il y a aussi, et c'est nouveau, la méconnaissance des règles de circulation élémentaires comme, par exemple, passer au feu rouge ou oublier son clignotant. » Ainsi, pour le mois de mai, où quinze victimes ont été à déplorer, pour six d'entre elles, c'est une conduite dangereuse et négligente qui en est à l'origine. Quant à l'alcool, il est encore trop présent, « de l'ordre de 25 % à 30 % des accidents mais il est souvent associé à d'autres facteurs comme la vitesse et ça pardonne rarement ».
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La problématique des platanes. C'est une constante depuis des années : les chocs contre les platanes bordant certaines routes (la D 32 ou le CD 909) se soldent souvent par de lourds bilans. Le premier semestre est malheureusement riche de ces exemples, ce qui explique en partie que le Biterrois soit la zone la plus mortelle. Faut-il abattre ou aménager ces portions de bitume ? « Sans en tirer de conclusions hâtives, c'est effectivement une problématique sur laquelle nous travaillons, reconnaît Marc Pichon de Vendeuil. Mais installer des glissières, ce n'est pas forcément la solution et couper les arbres non plus, il y a les fossés derrière. » Des discussions sont en cours avec le conseil général pour obtenir des diagnostics, surtout sur les routes où il y a très peu d'espace entre le bitume et les arbres.
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Motards et piétons. Les deux-roues, toujours plus nombreux dans le département, payent un lourd tribut puisqu'ils représentent 20 % des 76 morts (5 sur 15 en mai). « Souvent, les torts sont partagés », estime le directeur de cabinet. Les piétons ne sont pas épargnés non plus : ils représentent 8 % à 10 % des victimes. Le jour, des Héraultais et des jeunes. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les accidents se produisent de plus en plus durant la journée : à 80 %, au mois de mai ! Le créneau sensible de 4 h à 6 h, celui des sorties de discothèque, représente tout de même 9,2 % des collisions mortelles. Les 18-25 ans sont particulièrement touchés (25 % des tués), tout comme les moins de 18 ans (10 %). Enfin, il s'agit surtout d'Héraultais, à 75 %.
« On ne va pas baisser la garde, on a déjà suspendu 1 360 permis depuis le 1er janvier, on va continuer », affirme le préfet Cyrille Schott qui s'est attiré les foudres des night-clubs en annonçant qu'elles fermeraient une heure plus tôt cet été (5 h contre 6 h).
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Édition du mardi 8 juillet 2008
Midi Libre
Yanick PHILIPPONNAT